Certains opérateurs pensent que le métavers un gouffre financier, d’autres pensent que cela pourrait être le prochain Internet. Le métavers nécessite d’investir dans les infrastructures réseaux actuelles, cependant pour certains opérateurs comme Orange, la 5G suffira à démocratiser le métavers.
Le métavers étant au cœur de l’actualité télécom, les visiteurs du MWC font tous la queue dans la fille d’attente de l’opérateur SK Telecom. Ce géant sud-coréen profite de l’évènement pour présenter le métavers en avant-première, ce monde virtuel immersif dans lequel des géants comme Facebook et Microsoft investissent pour les années à venir. Il suffit de s’équiper d’un casque et de manettes pour entrer dans cette nouvelle réalité.
Comme le précise Ronnie Vasishta, le responsable télécom pour Nvidia : « Le métavers est très dépendant de la connectivité. Seule la 5G le rendra possible ».
Cependant, une question se pose pour les télécoms, le métavers sera-t-il vraiment le nouvel Internet grâce à la 5G ou sera-t-il un mur d’investissement ? « On peut se demander si cela ne va pas être juste un piège pour les télécoms » interroge Roland Montagne, analyste principal au Think tank Idate.
Meta a appelé les géants à investir dans des réseaux plus grands nécessaires à l’industrie mobile sans quoi « l’industrie des télécoms aura du mal à acheminer ces services très immersifs », d’après le représentant de Meta Connectivity, Chris Weasler.
Facebook met en avant deux problèmes cruciaux concernant le métavers au niveau des réseaux. Tout d’abord la latence (le temps de réponse) comme le rappel Chris Weasler : « Pour les appels vidéos, 150 millisecondes sont suffisantes mais pour la réalité virtuelle, il faut atteindre 30 millisecondes ». D’un autre côté, les réseaux actuels ne sont pas capables d’envoyer autant de données que d’en recevoir.
Pour remédier à ce problème, les opérateurs devraient investir dans des petits data centers au plus près des réseaux (« edge computing »), une solution à laquelle les opérateurs s’opposent comme le dit Rima Qureshi, la patronne de la stratégie chez Verizon : « La 5G sera bien suffisante, croyez-moi ! »
Karine Dussert-Sarthe, de chez Orange Innovation ajoute : « Le vrai métavers n’arrivera que dans cinq à dix ans. D’ici là, nos réseaux se seront adaptés aux usages avec une bonne connectivité. Ils ont déjà bien tenu pendant la pandémie ! Et les premières expériences immersives marchent déjà bien en 5G. »
Pour rappel, la 5G d’Orange devrait atteindre son plein potentiel d’ici 2023 avec l’aide de Nokia.
Revoir la neutralité du Net pour mieux étaler les investissements des acteurs
Il ne faut pas oublier que depuis la pandémie, les plateformes vidéo comme Netflix ou même YouTube, qui ne participent pas au financement des infrastructures fixes et mobiles, consomment énormément de bande passante jusqu’à 70% à certains moments de la journée.
Les opérateurs Orange, Telefónica, Deutsche Telekom et Vodafone ont alerté les régulateurs européens pour qu’ils s’intéressent au problème afin que les GAFAM mettent la main au porte-monnaie, afin d’aider les télécoms à financer ces infrastructures ce qui requiert de revoir la neutralité du Net qui oblige les opérateurs à diffuser des contenus sur le Web sans discrimination sans pouvoir toucher de rémunération provenant des géants.
Une chose est sûre le métavers arrive à grands pas. Reste à savoir si la 5G suffira à le faire fonctionner pour le grand public ou s’il nécessitera de lourds investissements pour les opérateurs télécoms et les géants de la tech.