Si un accord d’interconnexion est en vue entre Free et Netflix, l’Arcep n’a pas manqué de revenir sur l’enquête qu’il a mené début 2018 au sujet des problèmes de débit rencontrés dans son nouveau rapport de l’état de l’internet en France. Il en résulte notamment qu’à contrario de ses rivaux, l’opérateur de Xavier Niel se connecte aux autres acteurs de l’internet en grande partie via un seul transitaire. Un retard constaté pénalisant.
"Nous avons commencé à enquêter et les premiers résultats montrent qu’il n’y a pas d’irrégularités de la part de Free. Il semble fort probable donc que ce soit un problème d’interconnexion à résoudre entre Free et Netflix. Il serait donc injuste de rejeter la faute uniquement sur Free. La balle est aussi dans le camp de Netflix pour mettre fin à cette situation” a lâché Sébastien Soriano à nos confrères de 01Net fin février avant d’ajouter que le sujet sera évoqué dans le futur rapport de l’Arcep sur la santé de l’internet en France. Ce dernier, très dense, ayant été rendu public hier, on en sait donc davantage. Tout d’abord c’est à la suite d’une myriade de sollicitations publiques et à un grand nombre de remontées sur la plateforme « j’alerte l’Arcep », que le régulateur a décidé de faire la lumière et ainsi disposer d’éléments d’information complémentaires sur les causes de la mauvaise qualité de certains services particuliers sur le réseau de Free.
"Ces problèmes de débits et d’accessibilité récurrents semblaient toucher plusieurs services en ligne populaires, au premier rang desquels Netflix", souligne la police des télécoms dans son rapport. A première vue, l’interconnexion du réseau de Free avec le reste de l’internet est un élément d’explication, "contrairement aux autres FAI de grande taille, l’accès de Free à l’essentiel du trafic mondial repose en grande partie sur un seul transitaire, dont certains liens connaissaient des saturations de capacité très régulières", explique l’Autorité. Traduction, Free apparaît en retard sur ses concurrents en matière d’interconnexion.
Par conséquent, la gestion de trafic ne semble pas être forcément remise en cause, "les services les plus sensibles en bande passante tels que le streaming vidéo pouvaient connaître des problèmes de qualité dans ces moments de saturation, quel que soit par ailleurs le débit théorique dont bénéficiait l’accès internet du client final" poursuit l’Arcep. Autrement dit la qualité de service perçue "in fine" par le consommateur dépend étroitement de l’ensemble des intervenants de la chaîne technique entre le client final et le contenu qu’il consomme à savoir le FAI, les transitaires, fournisseurs de contenus etc. A noter que les types d’interconnexion entre acteurs sont variées. Il existe le transit mais aussi les liens directs comme le peering gratuit ou payant. S’agissant de Free et Netflix, l’Arcep suivra l’évolution de la situation, en attendant l’annonce de l’établissement d’une interconnexion directe entre l’opérateur et le mastodonte américain.
Piqûre de rappel
Depuis plusieurs mois, dans les classements publiés par Fast, le service lancé par Netflix et qui permet de mesurer la vitesse de téléchargement, Free apparaît toujours dernier au point que l’opérateur ait porté plainte s’estimant lésé par le classement du fait que tous les concurrents ont souscrit au programme Open Connect de Netflix qui consiste à installer des serveurs directement sur les réseaux des opérateurs contrairement à Free qui s’y est refusé. Récemment une parade consistant à repasser de l’IPV6 à l’IPV4 permet d’obtenir des débits plus raisonnables. Ce qui se dessine avec ces premiers résultats d’enquête du régulateur est un cadre bien moins simple qu’il n’y paraît. En tout cas, fin avril, un premier lien d’interconnexion entre Free et Netflix a été repéré sur Twitter, laissant présagé d’un accord imminent.