Les élus pourraient devenir une véritable épine dans le pied des opérateurs en vue du déploiement de la 5G partout en France.
Malgré les promesses autour d’une meilleure connectivité, la 5G prévue pour la fin de l’année dans l’hexagone ne fait pas l’unanimité. En attestent les demandes de report de la part de certains opérateurs, les sabotages d’antennes-relais, les protestations de riverains, les vidéos complotistes circulant sur les réseaux sociaux ou encore les recours d’ONG. Mais aussi les maires.
Dans une lettre signée et publiée ce week-end dans le JDD, une soixantaine d’élus de gauche et écologistes demandent un moratoire sur la 5G au gouvernement, au moins jusqu’en été 2021. Parmi eux, les maires de 11 grandes villes de France comme Bordeaux, Lyon, Marseille, Strasbourg, Grenoble, Tours et Poitiers. Sans oublier des députés de la France Insoumise Alexis Corbière, Adrien Quatennens, François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, et les écologistes Yannick Jadot, Julien Bayou.
Plusieurs revendications
Tous plaident pour un “débat démocratique décentralisé” et dénoncent “l’absence d’étude d’impact climatique et environnemental ni aucune consultation publique préalable”. Tous demandent également le droit pour les communes “à la subsidiarité concernant l’application du principe de précaution”, mais aussi le développement de la fibre en zone rurale tout en finalisant le déploiement de la 4G. Selon eux, la 5G augmentera la fracture numérique.
A l’heure où les enchères 5G approchent à grands pas, prévues à partir du 29 septembre, ces élus n’en démordent pas. ” Le déploiement de la 5G va exponentiellement accélérer l’exploitation de ressources naturelles non renouvelables, la pollution due à l’extraction des métaux rares, et la génération de quantité de déchet pas ou peu recyclable”, assurent-ils. L’arrivée de la 5G va donc insuffler une nouvelle vague de renouvellement de smartphone chez les Français, “pour tenter de bénéficier d’une nouveauté technologique dont l’utilité reste à démontrer”, poursuit la lettre.
Dans un rapport préliminaire sur les impacts de la 5G, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a souligné “un manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels” liés à l’exposition de certaines fréquences de la 5G. Les élus attendent de pied ferme le second rapport prévu début 2021.L’autorité administrative a par ailleurs prévenu qu’il n’y aurait pas de réponse facile à interpréter, pas de réponse totalement tranchée. Selon elle, la science ne permet pas de démontrer l’absence totale de risques. De leur côté, les opérateurs se tiennent prêts à en découdre, le déploiement des réseaux se poursuit.
Ne pas prendre trop de retard et faire preuve d’objectivité
Le gouvernement l’a martelé à plusieurs reprises : pas question d’être en retard sur le dossier de la 5G. Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad, maison-mère de Free Mobile, soulignait d’ailleurs l’importance de la technologie et de garder la cadence. Il s’agit de “répondre à la forte demande des Français pour une meilleure connectivité” à laquelle la 5G est “une partie de la réponse”, indiquait-il en mai dernier, en marge de la présentation des résultats financiers pour le premier trimestre 2020.
Au sujet du débat autour de la 5G, le patron d’Orange estime qu’il est un “plus fort que partout ailleurs alors que dans l’état actuel des connaissances, absolument rien ne vient étayer la thèse selon laquelle la 5G poserait un problème pour la santé”
Plus spécifiquement sur l’aspect écologique, Stéphane Richard le répète, la 5G est moins gourmande que la 4G et infiniment plus efficace” sur le plan énergétique. L’heure devrait donc être à un peu plus d”objectivité selon lui.