Pas question aux yeux d’un préfet d’afficher un soutien aux attaques visant les équipements de télécommunications. Une plainte a été déposée contre un site Internet estimant pour sa part faire l’objet d’un “acharnement”.
En février 2021, des attaques avaient ciblé des équipements de l’opérateur Orange dans le département de la Drôme, provoquant ainsi des perturbations pour plusieurs milliers d’abonnés. Le site Ricochets avait publié dans la foulée un article intitulé “Solidarité avec les saboteurs-saboteuses des installations d’Orange à Crest et Gigors-et-Lozeron”. Le média participatif Ricochets y expliquait qu’il était “important de stopper le système techno-industriel capitaliste, la 5G, les objets connectés, le toujours plus vite, le compétitif-productif, l’inflation de serveurs et de Cloud gavés des données de nos vies, la surveillance omniprésente, les algorithmes au pouvoir, la reconnaissance faciale, les intelligences artificielles, les usines robotiques ou manuelles”, et qu’il n’était ainsi “pas surprenant que des moyens jugés illégaux soient utilisés, c’est même inévitable”.
Une plainte déposée
On le sait, face à l’augmentation du nombre d’attaques ciblant les équipements de télécommunications, les opérateurs télécoms s’organisent pour mettre la main sur les auteurs des actes. Mais pas question non plus d’épargner ceux qui prôneraient ou soutiendraient d’une manière ou d’une autre ces actes. Ricochets fait ainsi l’objet d’une plainte déposée le 10 mars dernier par Hugues Moutouh, préfet du département de la Drôme.
Retiré suite au dépôt de plainte, l’article a été récupéré et republié sur le site Reporterre. Ricochets explique ce retrait par une “pression insupportable” visant à “pousser à l’autocensure”. Selon un administrateur du site, “l’article visé par les autorités voulait lancer le débat sur la prolifération des antennes 5G et les installations technologiques”. Celui-ci voulait contrebalancer les “opinions outragées”, le maire de Crest ayant notamment parlé d’un “attentat”. D’après lui, “les auteurs du texte évoquaient les conséquences écologiques de l’économie numérique. Ils parlaient des manières d’y faire face, dans une époque où nous sommes tous confinés et où l’État et les industriels avancent à marche forcée”. Et d’ajouter : “à Ricochets, nous pensions que cet article ouvrait une discussion légitime”.
Pas une première pour le site
Pour Ricochets, cette plainte sonne en tout cas comme un “acharnement”, comme “une pression insupportable qui entrave la liberté d’expression et le débat d’idées”. Le site se voit comme “un poil à gratter” qui dérange et que l’on voudrait “museler”. La publication d’un article invitant à “l’action directe” avait débouché sur une enquête, une garde à vue de 24 heures et une perquisition au domicile pour l’un des membres de l’équipe derrière le site. L’hébergeur du site, situé en Belgique, avait lui aussi été interrogé. Jugé pour “provocation à la commission de destructions”, l’homme a finalement été relaxé en novembre 2020 par le tribunal de Valence.
Source : Reporterre