Canal+ entend financer davantage le cinéma et loue son modèle face à Netflix et consorts

Le président du directoire de Canal+ Maxime Saada est revenu sur un accord annoncé pour le cinéma français avec 1 milliards d’euros sur cinq ans.

Est-ce un effet d’annonce ? Le groupe Canal a en effet annoncé récemment son ambition de financer le cinéma français à hauteur de 200 millions d’euros par an pendant 5 ans. S’il peut paraître étonnant de l’annoncer alors que cela fait partie des obligations du groupe, Maxime Saada revient en détail sur les ambitions de Canal+ pour le cinéma français.

Il ne faut pas confondre investissements réels et obligations. Nos obligations s’élèvent à 160 millions d’euros par an. En 2021, nous nous sommes mis d’accord avec les organisations du cinéma pour que le groupe Canal+ porte son effort à 190 millions d’euros, et même 210 millions si l’on tient compte des dépenses pour nos chaînes en clair, jusqu’en 2024. Nous investissons donc plus de 40 millions d’euros au-delà de nos obligations. À noter que cet investissement additionnel correspond au montant total des obligations de Netflix en 2022, seule plateforme américaine ayant signé un accord avec les organisations du cinéma” affirme-t-il dans une interview au Figaro.

D’autant plus qu’un rachat pourrait faire évoluer cette contribution. La plateforme OCS et Orange Studio devraient en effet finir entre les mains de Canal+ et Maxime Saada affirme qu’il serait disposé à reprendre les obligations d’Orange si le rachat aboutit”Cela nous amènerait à investir près de 230 millions d’euros par an dans le cinéma français et européen” explique-t-il. Si Canal est depuis longtemps l’un des acteurs majeurs de la création de films provenant de l’Hexagone, la contrepartie s’exprime à travers une place de choix dans la chronologie des médias : son investissement lui garantit ainsi la possibilité en France de diffuser les films 6 mois après leur sortie et de les exploiter pendant neuf mois. Ce qui n’est pas le cas des autres plateformes américaines et Maxime Saada le rappelle  : “rien ne leur interdit. Mais elles ont choisi un autre modèle“. A ce titre, ce traitement préférentiel doit donc demeurer en faveur de Canal+ pour le dirigeant, qui s’inquiète cependant du comportement du gouvernement à l’égard de la concurrence.

Aujourd’hui, nous faisons face à des plateformes qui expriment des velléités disproportionnées et un gouvernement qui, pour des raisons qui m’échappent, donne l’impression de soutenir ces mêmes plateformes. Je comprends la fascination pour le cinéma américain et pour le succès des géants du streaming. Je suis moi même admiratif de la réussite d’un Netflix ou d’un Disney+. Mais vouloir leur donner des avantages dans la chronologie sans contrepartie financière équitable est incompréhensible” assène-t-il.  D’autant plus que le fonctionnement de Canal est radicalement différent de ces géants américains.

De par son statut d’éditeur de chaînes linéaires, son modèle hybride fait que “lorsque Canal+ finance le sport, cet investissement vient également financer le cinéma. C’est une particularité qui nous distingue des plateformes américaines et qui justifie un taux de TVA différencié entre Canal+ et les plateformes. Il faut veiller à ne pas casser un système vertueux qui a permis un financement stable et sanctuarisé du cinéma français.”

CDanal+ qui est passé à un niveau international entend compter 30 millions d’abonnés d’ici 2025 et à plus long terme entre 50 et 100 millions d’abonnés. Maxime Saada rappelle par ailleurs que lorsqu’il est arrivé à son poste, le groupe comptait 11 millions d’abonnés, contre plus de 24 millions aujourd’hui.

 

 

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