Rachat de Covage : Altice obtient le feu vert de Bruxelles avec la cession de 25 réseaux

Altice et sa filiale SFR FTTH ont finalement obtenu le feu vert européen pour le rachat de Covage. 25 réseaux du quatrième opérateur d’infrastructures devront toutefois être cédés pour garantir la concurrence sur le marché professionnel.

L’avis de la Commission européenne était attendu de pied ferme par Altice. En fin de semaine dernière, Bruxelles a ainsi dit oui au groupe de Patrick Drahi, mais aussi à Omers et Allianz (autres actionnaires de SFR FTTH), pour le rachat de Covage, quatrième opérateur d’infrastructures en France.

Un feu vert avec des conditions

Comme prévu, cette acquisition à 1 milliard d’euros ne se fera pas sans condition. “Nous avons donc approuvé l’acquisition de Covage grâce à des cessions globales pour faire en sorte que la concurrence reste au bénéfice des clients locaux et internationaux et des consommateurs en France”, a en effet indiqué Margrethe Vestager, Commissaire européen en charge de la concurrence. Deux engagements ont été proposés par SFR FTTH et validés par Bruxelles, pour qui les deux remèdes répondent à ses inquiétudes en matière de concurrence :

– La cession à un acheteur approprié de 25 filiales et d’actifs correspondant à l’activité de boucle locale de fibre de Covage sur le territoire de 30 établissements publics. Ces filiales et actifs sont constitués de réseaux FTTO (dont plusieurs réseaux mixtes FTTO et FTTH) et représentent au total environ 95% de l’activité FTTO de Covage.

– L’offre d’un contrat de service transitoire, comprenant l’accès à tous les actifs et services nécessaires à l’exploitation concurrentielle de l’activité cédée pendant une durée permettant à SFR FTTH de devenir totalement indépendante.

Un deal gagnant-gagnant

Un type de deal que l’on savait sérieusement envisagé par Altice, afin de sécuriser l’acquisition de Covage. Selon un document du cabinet-conseil de SFR que Les Echos avait pu consulter, Altice proposait “de vendre l’activité de Covage sur 30 réseaux pour les entreprises construits par des villes, mais exploités par Covage, ou inversement”. Toujours d’après le quotidien, le groupe s’engageait aussi à vendre la participation de Covage dans 15 des 43 réseaux dédiés aux professionnels, mais également dans 10 sur 19 réseaux accueillant à la fois particuliers et professionnels.

La manoeuvre consistant à lâcher du lest sur le marché professionnel s’annonce rentable au final pour Altice puisqu’elle permet de générer une plus-value, car concernant un marché de la fibre optique où les prises disponibles se font de plus en plus rares au fur et à mesure du fibrage du pays. Quant à l’acquisition, elle est synonyme de nouveaux revenus locatifs et de nouveaux clients. “L’enquête de la Commission a révélé que l’opération, telle qu’elle avait été initialement notifiée, aurait soulevé de graves problèmes de concurrence”, souligne en effet la Commission européenne, sous-entendant qu’il fallait lâcher du lest.

Une acquisition retardée sur fond de crainte de monopole

Altice espérait avoir bouclé l’opération au premier semestre 2020, mais une enquête de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne a été ouverte au sujet des répercussions sur le marché de la fibre entreprise, retardant ainsi le processus. Un volet concurrentiel loin d’être anodin sachant que les réseaux de Covage accueille quelque 200 opérateurs de détails. Le noeud du problème était la situation de position dominante dans laquelle se retrouverait SFR pour le déploiement de la fibre dans les zones peu denses (18 % du secteur pour SFR et 16 % pour Covage).

Une position dominante laissant craindre un marché moins accessible aux petits opérateurs télécoms proposant des offres fibre optique entreprise, alors que celui-ci est déjà dominé par Orange et SFR. Un marché professionnel rentable, avec des professionnels payant plus cher et changeant moins souvent de prestataires. Les opérateurs s’interrogeaient sur des complications pour l’accès aux infrastructures de Covage. D’autant plus que les tarifs de gros de SFR ne sont pas régulés comme avec Orange. Ils ont d’ailleurs augmenté de 2 à 9 % en début d’année. SFR se retrouvant sur les deux tableaux, une porosité entre les deux filiales, avec une branche déploiement poussant vers la division commerciale, faisait également partie des craintes.

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