“Scaleway, parce que je le vaux bien ?” Ce slogan, la filiale Cloud et datacenter d’Iliad n’a pas encore la prétention de l’adopter. Pourtant son ambition est réelle, s’internationaliser et rester un leader dans la conception et l’exploitation de centres de données. A l’heure où l’empreinte carbone des centres de données est pointée du doigt, son DC5 innove et montre l’exemple. Rencontre avec Arnaud de Bermingham, son fondateur.
Comment rendre les datacenters moins énergivores, c’est tout l’enjeu du moment dans la transition numérique écologique. Avec l’adoption du cloud, l’informatique mondiale se rue dans les datacenters lesquels concentrent désormais une part importante de l’empreinte carbone du numérique, le Sénat propose d’ailleurs d’en faire des leviers de flexibilité énergétique. Scaleway, filiale cloud d’Iliad en a bien conscience et s’engage déjà dans la durabilité de ses centres données en développant de nombreuses innovations, notamment une particulière dans son gigantesque DC5.
Exit la climatisation et place au “free cooling” direct
Un système de refroidissement efficace sans climatisation mécanique, trois fois plus de serveurs qu’un datacenter classique, le centre de données DC5 de Scaleway, filiale cloud d’Iliad, est aux dires de son patron Arnaud de Bermingham “unique au monde et bien plus efficace”.
Localisé dans l’ancien centre de tri de Saint-Ouen-l’Aumône dans le Val-d’Oise en région parisienne acquis en janvier 2016, le DC5 s’étend sur une surface de 16 000 m2 et assurera en partie la croissance de la filiale du groupe de Xavier Niel jusqu’en 2025. Optimisé pour le cloud computing mais aussi pour les infrastructures Big Data, celui-ci offre, accrochez-vous, plus de 20 MW de puissance, et se compose de 11 tranches dont seulement 1 seule est pour le moment entièrement opérationnelle. De quoi impressionner à l’heure où 31 MW sont en production dans l’ensemble des 6 datacenters de Scaleway.
Le refroidissement et la distribution de l’électricité se fait à partir partir du plafond
Vaisseau amiral de l’hébergeur, le DC5 se démarque aujourd’hui par un système de refroidissement par évaporation innovant, éprouvé depuis 2 ans et breveté après quatre ans de travail acharné.
Pour faire simple, l’air extérieur entrant via des grilles d’admission d’air et une zone de de ventilation, est filtré et refroidi avant d’entrer dans les salles de baies. Il traverse ensuite les serveurs et leurs composants avant d’en ressortir chaud et d’être rejeté à l’extérieur.
“Grâce au Free cooling direct, nous pouvons maintenir une température constante de 30 ° dans les allées froides sans climatisation”, explique Arnaud de Bermingham. L’air extérieur passe par un processus adiabatique ici industrialisé, ce qui lui permet d’être évaporé via un système de refroidissement et d’humidification. Dans ce datacenter, ce système s’active lorsque la température de l’air est supérieure à 30 degrés. Seuls 2 grammes d’eau suffisent à refroidir de 9 degrés une salle.
A noter que la chaleur perdue sortant des serveurs est mélangée à l’air extérieur dans une zone spécifique afin d’atteindre la température idéale pour entrer à nouveau dans les allées froides des serveurs, le tout est géré par un automate. “Cette technologie a été viabilisée durant les deux derniers été et autant de canicules, sans aucun problème, cela marche”, et ce même avec une température extérieure ayant avoisiné parfois les 44°C, explique le fondateur de l’ex-Online.
Le DC5 consomme 40% d’énergie de moins qu’un datacenter classique
A l’heure où plus de 90% des datacenters climatisent la chaleur dégagée par leurs milliers de serveurs, le DC5 se démarque donc avec son système de refroidissement naturel en consommant 40% d’énergie de moins par rapport à ses confrères. “Le marché trouve normal depuis 20 ans de climatiser un dégagement de chaleur y compris en pleine hiver quand il fait moins 10 degrés dehors, ils climatisent H24, été comme hiver, c’est un non-sens mais un standard”, regrette Arnaud de Bermingham.
Un système de climatisation dans un datacenter normal, représente actuellement 30 à 40% de sa consommation énergétique globale. Partant de ce constat, Scaleway en appelle aujourd’hui à la “responsabilité écologique” des centres de données pour gagner en efficacité là où l’énergie est utilisée. “L’énergie qui est la plus verte c’est l’énergie que l’on ne consomme pas, nous on s’attaque au coeur du problème, plutôt que d’aller planter des arbres pour se faire pardonner notre empreinte carbone élevée, on préfère se concentrer là où un datacenter n’est pas efficient”, se permet le dirigeant en guise de pique adresser au secteur.
La performance écologique c’est rentable, ça va dans le sens des clients
Une question se pose alors, être plus performant écologiquement, est-ce rentable ? A cette question, la filiale de la maison-mère de Free répond sans ambages : ” Notre plus gros poste de dépense c’est la consommation d’électricité. Si on consomme 40% moins d’énergie pour la même puissance informatique, c’est 40% de coûts que nous n’avons pas et donc des produits plus économiques et plus fiables que l’on est capable de proposer à nos clients “.
A noter qu’en matière d’alimentation électrique des serveurs, Scaleway achète depuis environ 4 ans uniquement de l’énergie renouvelable (hydraulique) pour l’ensemble de ses centres de données : “Ce n’est pas un argument que l’on met en avant, cela nous paraît normal et responsable”, précise son patron.
Scaleway, “30 à 60% moins cher à prestation équivalente que les géants du marché”
Numéro deux français et l’un des opérateurs majeurs en Europe derrière OVH, Scaleway compte aujourd’hui environ 125 000 serveurs en production sur ses 6 datacenters avec comme principaux clients les GAFAM, entre autres.
Sur l’activité cloud, la filiale d’Iliad ne le cache pas : ” La France est aujourd’hui en retard sur les USA pour la simple et bonne raison que les géants du secteur ont commencé il y a plus de dix ans avec beaucoup de moyens et des dizaines de milliers de développeurs”. A titre de comparaison, le niveau de maturité en France est d’environ 1,3 contre 1 outre-Atlantique.
Autrement dit, Scaleway ne se bat pas dans la même catégorie mais possède à ses yeux d’autres arguments à destination des startups et grands groupes, comme le fait d’être propriétaire de ses datacenters, son agilité, sa capacité d’attaquer “des marchés vite et fort” comme en Pologne récemment. Mais aussi sa faculté d’innover avec un vrai savoir-faire, “c’est-à-dire de proposer des choses innovantes avec un autre modèle en répondant à des besoins que parfois les géants ne sont pas capables de répondre”. Sans oublier la performance environnementale et les prix, véritable nerf de la guerre: ” Nous sommes en moyenne 30 à 60% moins chers à prestation équivalente que les géants du marché”.
La prise de conscience des avantages du cloud s’intensifie dans les grandes entreprises
Prônant le cloud souverain pour plus de sécurité, la filiale Cloud d’Iliad estime qu’il est aujourd’hui indispensable que les données des français soient hébergées en France. Malgré tout, “70% de nos clients cloud sont en dehors de la France alors que l’on est présent principalement dans l’hexagone et un petit peu aux Pays-bas”.
Chez Scaleway, deux grandes typologies de clients se démarquent. Tout d’abord les startups et notamment “les cloud natifs”, c’est-à-dire des entreprises “qui commencent directement dans le cloud et qui ont l’habitude de payer tout à l’usage, ils achètent du cloud comme ils achètent de l’eau et de l’électricité“. Ce segment du marché est d’une importance cruciale pour les hébergeurs, ” il est gigantesque ,des startups se créent tous les jours et parmi elles, une vingtaine par an vont vraiment cartonner avec des besoins très importants”. Dans un second segment, figurent les ETI et grandes entreprises. Il s’agit d’un marché de “transformation” où les entreprises s’affairent à moderniser leur informatique pour migrer progressivement des serveurs dédiés vers le cloud avant de gagner en maturité. “Il y a une vraie prise de conscience depuis 2 ans des avantages du cloud chez les ces grands clients, la marché s’accélère très rapidement”, confie Arnaud de Bermingham.
Performer en Europe de l’Est
Le prochain défi de Scaleway, continuer de s’expandre “là où sont situés nos clients”. L’Europe de l’Est se présente aujourd’hui pour lui comme un bastion de premier choix. Ses grands concurrents américains y sont pour le moment aux abonnés absents. Ce marché est “en train de se transformer comme la France il y a deux ans” constate son fondateur. L’objectif est ainsi d’être présent sur les territoires où la maturité eu égard au cloud s’accélère. Après la Pologne, cap sur la Roumanie.
La chaleur est "rejetée" pas moyen de chauffer quelque chose avec ?
Bonsoir,
je ne le pense pas suivant le paragraphe "A noter que la chaleur perdue sortant des serveurs est mélangée à l’air extérieur dans une zone spécifique afin d’atteindre la température idéale pour entrer à nouveau dans les allées froides des serveurs, le tout est géré par un automate."
Après avec les rédacteurs d'UF, il faut toujours se méfier.
Ach!lle
Mouais... et bien le plus simple serait d'avoir une consommation raisonnée !
Quand on voit que FREE a opter pour le Cloud avec les enregistrements sur la POP, ça ne va pas dans le bon sens.
Franchement, cette politique de "tout mettre sur le Cloud" a ses limites.
Continuons, continuons... --> https://www.progetcom.fr/la-consommation-energetique-des-telecoms/
CONSOMMATION RAISONNÉE !!!
Un reportage "un peu" plus complet : https://lafibre.info/scaleway/dc5/
Très intéressant merci
Les prix et l'offre chez Scaleway sont vraiment instables... Par exemple ils augmentent fortement les prix ce dimanche. Pas viable pour les entreprises qui se projettent sur plusieurs années.
quand tu vois qu'OVH (On Vous Héberge) le leader incontesté français ne représente que dalle un tout petit pourcentage mondial (4% à tout péter)
les français feraient mieux encore une fois de s'unir pour peser un petit peu sur aussi ce marché là... Du cloud/hébergement. (car le cloud c'en est)