
Altice France (SFR) continue son opération de restructuration et prévoit de vendre sa filiale gérant son réseau fibre.
Allégée d’une part importante de sa dette en cédant 45% de son capital, Altice France, maison-mère de SFR compte bien aller encore plus loin dans son effort répété afin de se désendetter davantage, avec d’autres cessions. Après avoir déjà récolté 2,6 milliards d’euros grâce à la vente de ses datacenters et de ses médias (RMC, BFM TV et BFM Business), l’opérateur vise désormais la vente de sa filiale XP Fibre, spécialisée dans les infrastructures de fibre optique.
Cette nouvelle opération doit permettre de ramener sa dette à 13 milliards d’euros, conformément aux objectifs fixés en interne par le PDG d’Altice France, Arthur Dreyfuss. L’infrastructure de XP Fibre, qui compte sept millions de prises déployées en France, est détenue à 50 % par Altice. Le reste du capital est réparti entre plusieurs investisseurs, dont Axa. Selon plusieurs sources proches du dossier, des fonds d’investissement de premier plan s’intéressent déjà à cet actif stratégique. Parmi eux, les Américains KKR et GIP, le Français Ardian et le Canadien CDPQ.
Si aucun processus officiel de vente n’a encore été lancé, des offres non sollicitées sont attendues dès cet été. La cession devrait porter sur l’intégralité du capital de XP Fibre, les actionnaires minoritaires étant également vendeurs. Contacté, Altice n’a pas souhaité commenter ces informations. Selon plusieurs créanciers, la vente de XP Fibre était anticipée de longue date comme un élément clé de la restructuration financière de SFR. “On savait que Patrick Drahi vendrait son joyau après la restructuration“, confie un acheteur à BFM, soulignant l’attachement historique du magnat des télécoms à ce réseau, qu’un de ses proches compare à “sa Tour Eiffel“.
L’an dernier, une première tentative de vente avait été engagée, sans succès. À l’époque, Patrick Drahi espérait une valorisation comprise entre cinq et six milliards d’euros, alors que les acheteurs visaient plutôt quatre milliards. Aujourd’hui, KKR semble être le favori. Le fonds américain, qui a récemment acquis le réseau de fibre de Telecom Italia pour 18,8 milliards d’euros, avait déjà entamé des discussions avancées avec Altice lors du premier round de négociations.
Toutefois, certains observateurs s’interrogent sur la position de KKR après ses difficultés en Italie, où une révision drastique des objectifs financiers a conduit à l’éviction du patron du réseau. D’autres pointent un acteur inattendu dans les coulisses de l’opération : Xavier Niel, le fondateur de Free et rival historique de Patrick Drahi, qui siège au conseil d’administration de KKR. De son côté, Ardian, seul prétendant français en lice, entend jouer la carte de la souveraineté. Lors des discussions précédentes, le fonds avait mis en avant sa nationalité pour contrer les offres étrangères, notamment en raison de contrats sensibles entre SFR et le ministère des Armées. Dans un contexte marqué par les débats autour des cessions d’actifs stratégiques à des investisseurs étrangers, cet argument pourrait peser dans la balance.
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