Alors que les enveloppes de data des forfaits mobiles atteignent des sommets, est-ce bien raisonnable ? L’Ademe envisage de bousculer le marché.
Les forfaits mobiles incluent-ils trop de données ? Alors que les opérateurs rivalisent à coups d’offres incluant 100, 200, voire 350 Go de data par mois, la consommation moyenne des abonnés reste bien en deçà de ces seuils. Selon le dernier rapport de l’Arcep publié en septembre 2024, un utilisateur français consomme en moyenne 17 Go par mois. Une donnée qui progresse lentement, freinée par une réalité : la surenchère des gigaoctets semble avant tout un argument marketing.
Renaud Kayanakis, expert en télécoms chez Sia Partners, illustre cette course aux données par une analogie culinaire : « Proposer 250 Go dans un forfait, c’est comme offrir du carpaccio à volonté dans un restaurant : personne n’en mangera trois assiettes ! » Pourtant, les opérateurs continuent d’alimenter cette escalade. Free, en lançant des offres avec une large enveloppe data à bas prix, a obligé ses concurrents à s’aligner. « Si un acteur propose 2 000 Go demain, tous les autres suivront », analyse un observateur du secteur. Cette guerre des gigas masque une autre réalité : celle du “pricing power”, une stratégie qui permet aux opérateurs de justifier des tarifs élevés tout en évitant une chute brutale des prix.
Ce modèle, très éloigné des pratiques internationales, interroge. Dans de nombreux pays, la tarification des données mobiles repose sur une facturation à l’usage, et les forfaits à 100 Go sont quasiment inexistants. « La situation française est une aberration ! » confie un professionnel du secteur sous couvert d’anonymat, tandis que Bouygues Telecom affirme que “la grande majorité des clients souhaitent disposer d’une enveloppe importante pour un usage sans contrainte“. Là où certaines nations facturent 50 € pour 17 Go, la France propose des forfaits largement supérieurs pour un prix dérisoire. Mais cette générosité apparente a un coût environnemental. Une étude conjointe de l’Arcep et de l’Ademe en 2022 révèle que le numérique représente 4,4 % de l’empreinte carbone nationale, dont 46 % proviennent de la consommation de données.
Pour réduire cet impact, une solution est envisagée : la mise en place d’une tarification progressive. « L’usage de la 4G et de la 5G génère un impact environnemental dix fois supérieur à celui du WiFi », rappelle Mathieu Wellhoff, chef du service de la sobriété numérique à l’Ademe. Une facturation adaptée à la consommation pourrait inciter les abonnés à privilégier le WiFi, réduisant ainsi leur empreinte carbone et leur facture. L’Ademe prévoit d’examiner cette piste en vue d’un projet de loi. « Si les forfaits deviennent plus granulaires, les consommateurs ajusteront leur usage », estime Renaud Kayanakis. « Mais aucun opérateur ne prendra l’initiative, car cela reviendrait à montrer à ses clients comment payer moins cher. »
Source : Aujourd’hui en France
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