Au fur et à mesure que la fin de l’année approche, les risques de délestage du réseau électrique s’intensifient et les opérateurs continuent de tirer la sonnette d’alarme.
Le sujet est sur la table depuis le début de l’année avec l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine menaçant l’approvisionnement en électricité. Comment les réseaux mobiles vont-ils tenir en cas de coupure volontaire dans certaines zones de l’Hexagone ? La réponse est pour l’instant claire : ils ne tiendront pas. Si la Fédération Française des télécoms réclame depuis que les antennes mobiles soient inscrites sur la liste des services prioritaires accédant encore au courant lors des coupures prévues par Enedis, ce n’est pas le cas. De quoi faire craindre aux opérateurs des conséquences directes pour leur réseau et les abonnés.
“C’est un sujet sur lequel Orange et la Fédération des télécoms alertent le gouvernement depuis le début de l’année 2022. On continue de travailler (ensemble sur le sujet), mais je crains que nos concitoyens découvrent que les réseaux télécoms dépendent de l’électricité” déclarait cette semaine Christel Heydemann, directrice générale d’Orange. Elle explicite par ailleurs qu’il existe différents types de sites : “: certains sont priorisés dans les plans de prévention que nous mettons en oeuvre. Mais une partie de nos sites, en particulier la dizaine de milliers de sites mobiles, ne sera pas priorisé. De même qu’un certains nombres de nos sites critiques” équipés de générateurs et de batteries, qui “peuvent avoir un impact (sur le réseau) au niveau national“.
Si certaines mesures sont en place pour prendre le relais, “on ne sait pas comment se comportera le réseau” en cas de multiples délestages affirme-t-elle. “Il pourrait y avoir des situations où la lumière fonctionne dans un appartement mais les (réseaux) mobiles ne fonctionnent pas parce que la tour est dans une zone qui est elle-même délestée, et vice-versa” ajoute-t-elle. De même, remettre à niveau tous les sites mobiles pour qu’ils puissent supporter ce type de coupures représenterait un chantier énorme : “il faudrait au moins cinq ans” pour équiper toutes les antennes de batteries explique Christel Heydemann.
Des craintes pour les numéros d’urgence
Outre le fait de ne pas pouvoir communiquer avec ses amis, la coupure du réseau téléphonique dans une zone précise présente un risque bien plus grave : empêcher d’appeler au secours la police, le Samu ou les pompiers. C’est notamment ce que pointe du doigt la FFT et son président Michel Combot au micro de RMC.
“Nous avons alerté le gouvernement depuis plusieurs mois sur les conséquences importantes des délestages tels qui sont envisagés. C’est-à-dire l’arrêt par zone entière, pour les particuliers et pour les antennes. Ce sont des conséquences importantes notamment pour l’acheminement des appels d’urgence. On travaille avec le gouvernement pour voir ce que nous pouvons conserver comme couverture, notamment pour le 112.”
Malgré les négociations en cours, pour l’heure aucune garantie n’est fournie par l’exécutif concernant le 112. Michel Combot explique que dans les zones où des antennes existent à côté, il est possible de se raccrocher à une antenne pour appeler le 112 “mais dans les zones rurales, par exemple, avec les pylônes espacés, il n’y a aucune possibilité. Notre demande est de mieux cibler ces délestages“. Il rappelle par ailleurs que 60 000 mâts et antennes composent le réseau mobile en France et que même si le délestage concerne une petite zone, ce sont “énormément d’équipements” qui seront touchés.
Si le gouvernement se veut rassurant utilisant une métaphore jugée plutôt absconse d’une “France en tâche de léopard” pour définir les zones touchées par ces délestages, Michel Combot précise que ces derniers ne seront communiqués aux opérateurs et aux usagers que quelques heures avant leur mise en place. “Ce qui ne laisse évidemment que très peu de temps pour se préparer et le cas échéant essayer d’optimiser les réseaux pour continuer à acheminer les appels d’urgence” explique-t-il.
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