Alors que les Etats-Unis entament une extinction progressive de la 3G sur leur territoire, la question peut se poser : une telle opération pourrait elle être mise en place en France ? Si le marché n’est pas encore mûr, l’idée est cependant étudiée par la Fédération française des télécoms.
Les abonnés Free Mobile, Orange et Bouygues Telecom ont d’ores et déjà été alertés leurs abonnés que la 3G risque de ne plus être disponible sur les terres de l’oncle Sam dès aujourd’hui, s’ils s’y rendent. Plus proche de chez nous, l’Allemagne et le Danemark ont déjà mis fin à cette technologie et d’autres pays pourront s’y mettre dans les années à venir. Qu’en est-il de l’Hexagone ? Si rien n’est encore acté, la question de désactiver ce réseau n’est cependant pas totalement écartée par les opérateurs.
Car contrairement à d’autres chantiers de taille dans le monde des télécoms, la fin de 3G peut se faire assez simplement et doit simplement venir des opérateurs. Anaël Bourrous, chargé de mission au sein de la direction “mobile et innovation” à l’Arcep précise en effet que “l’attribution des fréquences est neutre technologiquement donc les opérateurs sont libres d’arrêter la 2G ou la 3G s’ils le souhaitent”. Si aucun accord de l’Etat ou d’une quelconque autorité n’est nécessaire, le gendarme des télécoms indique cependant qu’il veillera à ce que les opérateurs “respectent leurs engagements de couverture avec qualité de service et de performances“.
Le directeur général de la Fédération Française des Télécoms, regroupant notamment Orange, Bouygues Telecom et SFR (mais pas Free), explique que si les opérateurs ne sont pas fermés à l’idée, il n’y a pas vraiment de consensus. «Nous étudions ce sujet, mais nous ne le portons pas collectivement pour le moment, car il est concurrentiel. Il relève de la stratégie commerciale de chaque opérateur et peut permettre de se différencier » explique-t-il à 01Net. Et si la 5G avait soulevé la question, envisageant que la fin de technologies obsolètes comme la 3G pourrait permettre de compenser un éventuel impact environnemental de la 5G, l’Arcep explique que “les gains énergétiques ne seraient pas si évidents. Du côté du matériel, certains équipements réseaux devront être remplacés, tout comme les terminaux obsolètes des utilisateurs“.
Un marché pas assez mûr pour une extinction immédiate
A l’heure où le déploiement de la 5G bat son plein et qu’une grande partie du territoire est couvert en 4G, avec une obligation pour les opérateurs de basculer les sites sur cette technologie d’ici à la fin de l’année, pourquoi attendre ? La 3G ne propose ni une meilleure couverture ni un meilleur service que les technologies activement déployées par Orange, Free, Bouygues Telecom et SFR. Cependant, il reste encore beaucoup d’utilisateurs des anciens réseaux (2G et 3G) en France.
Notamment du côté des professionnels, avec une majorité de terminaux dans le secteur étant 2G/3G, sur un marché comprenant 22 millions d’appareils répertoriés par l’Arcep. Des machines de paiement, des horodateurs ou encore des ascenseurs ou des compteurs d’énergie… Si l’usage de la 3G relève d’un calvaire pour un individu lambda, il est encore nécessaire pour de nombreux services. D’autres cas plus techniques sont également à prendre en compte, notamment le système d’appel d’urgence installé sur les voitures, devenu obligatoire en 2018 en Europe et tournant sur ces réseaux.
Mais le grand public n’est pas en reste, avec plusieurs millions de terminaux uniquement 2G/3G encore en circulation. De plus, de nombreux smartphones 4G ne supportent pas la voix sur 4G, obligeant donc l’utilisateur à passer par ces réseaux pour appeler. Cependant, le nombre de ces terminaux baisse chaque année du côté du grand public et la Fédération Française des télécoms n’exclut pas “d’attendre encore un peu jusqu’à atteindre un plafond, jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus que quelques irréductibles. Il serait alors envisageable de les prévenir bien en avance, comme pour le RTC ou le cuivre“.
Éteindre la 2G ou la 3G ?
Pourquoi éteindre la 3G au lieu de se débarrasser d’une génération encore plus ancienne ? La réponse n’est finalement pas si simple, comme l’explique l’Arcep. « Plusieurs scénarios d’extinction sont envisageables. Arrêter la 3G offre la possibilité d’un repli sur les réseaux 2G, l’inverse n’est pas vrai. Par ailleurs, la 3G a l’avantage d’avoir une meilleure couverture, mais davantage de professionnels dépendent de la 2G » souligne le gendarme.
Michel Combot, de la FFT, pour sa part explique que “l’intérêt d’arrêter la 3G, c’est que son accès à internet peut être remplacé par la 4G et qu’elle permettra de réallouer davantage de fréquences. ”
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