Inventeur de la box triple play, Xavier Niel estime que les opérateurs sont passés à côté d’une révolution importante sur le mobile : les smartphones et les applications.
Apporter de la connectivité aux Français et permettre le trafic de données des géants du Net, c’est aujourd’hui le dada des opérateurs français. Dans une interview accordée le 14 janvier aux lecteurs du Parisien, Xavier Niel, est revenu sur la révolution lancée par Free Mobile sur les prix en 2012. Dix ans plus tard, à la question de savoir si le trublion prépare de nouvelles offres et services, son fondateur botte quasiment en touche. Il faut dire que le marché est arrivé à maturité et qu’il est aujourd’hui difficile de se démarquer, d’autres batailles ont commencé il y a bien longtemps et il paraît aujourd’hui ardu de prendre le wagon en marche: ” Nous les opérateurs télécoms, on a été bons sur les box Internet, on en a tous créé une et on a connu plutôt du succès avec ce produit. Mais on n’a pas été bons sur la téléphonie mobile, le terminal a été créé par d’autres”, avoue Xavier Niel, faisant référence à Apple, Samsung, les fabricants chinois ou tout ceux qui ont su s’imposer un moment ou un autre sur le marché des mobiles comme Nokia.
C’est trop tard, ajoute t-il, “si demain Free ou Orange sortent un téléphone mobile, je ne suis pas sûr que vous alliez l’acheter. On n’a pas été bons non plus sur les applications qui sont sur ces terminaux.”
Il faut aujourd’hui se rendre à l’évidence et ce n’est un secret pour personne, les opérateurs sont devenus “des métiers centrés sur le déploiement d’infrastructures sur lesquelles d’autres connectent des équipements et font passer leurs données. On essaie de se battre contre cela, mais ça ne va pas être facile”, indique Xavier Niel.
Si Orange et d’autres grands groupes télécoms européens militent pour une participation financière des géants du net dans le déploiement de leurs infrastructures, les opérateurs français planchent sur un code de bonne conduite afin de limiter le poids de Netflix, Facebook, Youtube et consorts sur leurs réseaux mobiles où près des deux tiers de la bande passante dans l’Hexagone est aujourd’hui utilisée par les grands fournisseurs de contenus.
En matière de contenus, il ne faudra pas non plus espérer un jour qu’un des quatre fournisseurs d’accès à internet français lance un service de vidéos en streaming pour concurrencer Netflix ou YouTube même si l’opérateur historique tente de tenir le coût avec OCS. Ou même un assistant vocal à la hauteur d’Alexa ou Google Assistant. Orange et Deutsche Telekom s’y sont essayés avec Djingo mais leur enceinte connectée n’a jamais trouvé son public.
Sur les contenus exclusifs, Free ne change pas de fusil d’épaule : “on n’a jamais fait ce choix, c’est l’inverse de ce qu’on pense juste et légitime chez Free. Si demain on achète tous les droits de la Ligue 1 de football et que vous pouvez la regarder seulement si vous êtes abonné chez nous, on pense que c’est une erreur stratégique, une erreur concurrentielle. Et globalement, à la fin, ça ne sera pas bon pour nous”, confie Xavier Niel. Sur Free Ligue 1, le patron de l’opérateur oublie de dire qu’il a été bon, ce service est bien une réelle innovation proposée par Free, laquelle pourrait bien bouleverser prochainement le marché des droits sportifs à condition de réussir à changer la manière de consommer le football.
Mais alors comment se différencier ? Pour Xavier Niel, la consolidation en France ne fait pas de sens aujourd’hui : ” Je crois qu’il n ’y a jamais trop de concurrence. Quand Free est arrivé en 2012, tout le secteur a baissé ses prix, chaque foyer a économisé plusieurs centaines d’euros par an. En même temps, vous avez aujourd’hui quatre acteurs qui gagnent leur vie ! C’est une concurrence saine qui pousse chacun à investir pour se différencier : à déployer plus vite la fibre optique, la 5G, à mettre de la 4G de manière plus performante, à améliorer sans cesse la couverture du territoire”.
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