Le déploiement de la fibre reprend en France après un mois au point mort

La catastrophe est évitée et les dégâts devraient être limités. Le déploiement de la fibre en France redémarre progressivement. Moins de blocages, la situation s’améliore.

Après avoir “touché le fond de la piscine” selon Etienne Dugas, président d’Infranum, le déploiement de la fibre reprend en France. A l’arrêt depuis mars avec un nombre de prises déployées par jour passé de 19 000 à quasiment zéro, seulement 30% des effectifs de la filière actifs et une baisse de 40% de la productivité, le Plan THD redémarre après un SOS lancé par la filière auprès des partenaires publics et des opérateurs.

Car le risque était qu’aucune prise ne soit installée en avril, pire encore que le grand chantier du FTTH en France à savoir apporter en 2022 la fibre à 80% des Français, soit remis à flot et retrouve son rythme de croisière dans 12 mois. Il fallait donc limiter les dégâts, lever des blocages, mais aussi soutenir les sous-traitants au chômage technique faute de trésorerie suffisante, équiper de masques et gants les techniciens, appeler les collectivités à la reprise des déploiements mais aussi mettre des mesures en place.

La catastrophe est aujourd’hui évitée selon le président de la fédération des industriels du secteur. “Les déploiements reprennent, il n’y a pas de risque à moyen terme”, informe t-il dans une interview accordée hier à Silicon. Néanmoins,  “Il faudra des mois et des mois pour retrouver une activité nominale, c’est-à-dire équivalente à ce qu’on faisait avant la crise”.

Alors qu’est-ce qui a changé ? “On voit que l’activité du BTP au sens large se remet en marche. Ça permet de retrouver des matériaux pour travailler”, relate Infranum. Par ailleurs, “on ressent les premiers « vrais » frémissements depuis la publication du guide de préconisations sanitaires pour le secteur. C’était indispensable que tout le monde s’accorde sur un certain nombre de mesures à mettre en place pour pouvoir exercer”, poursuit son président. Mais il reste encore beaucoup à faire selon lui sur l’approvisionnement des équipements de protection individuelle, “il y a encore de la pénurie à peu près à tous les étages.”

On apprend également qu’une circulaire a été transmise à tous les préfets leur demandant pousser à la réouverture des différents chantiers en les priorisant.  L’assemblée des départements de France a d’ailleurs appeler toutes les collectivités à faciliter la reprise des déploiements. “Ça a clairement permis de pousser les donneurs d’ordre qui étaient frileux à se remettre en mouvement“, explique la fédération.

Déploiement de la fibre, à l’heure des bonnes nouvelles

L’ordonnance du 25 mars  relative à l’adaptation des délais et des procédures applicables à l’implantation ou la modification d’une installation de communications électroniques joue aussi son rôle bien que tout ne soit pas parfait : “on s’est battu pour obtenir sa modification, parce qu’elle était très orientée sur les réseaux mobiles et sur la maintenance des infrastructures. Pas un mot des déploiements fibre. On verra ce qu’il en ressort”. La nouvelle ordonnance doit passer au conseil des ministres. Elle permettra d’alléger les formalités de voiries ou réduire les délais de recours. En zone rurale et plus particulièrement sur les réseaux publics, la Banque des territoires va anticiper certains paiements. Mais la filière attend davantage de l’Etat, comme un fond de relance. Pour le moment, l’exécutif ne semble pas aller dans ce sens.

Reste la question des sous-traitants, primordiaux pour la poursuite des déploiements. La filière et le régulateur ont demandé le soutien des opérateurs« Il y a une kyrielle de TPE et PME qui n’ont qu’une semaine de cash devant eux. Certaines sont déjà mortes. Les autres, il faut bien sûr les faire travailler, mais pas au même prix », a récemment lancé Etienne Dugas. Certains opérateurs ont déjà réagi. Orange paie ses sous-traitants prioritaires plus chers, Bouygues offre une prime. De son côté, Free a lancé un fonds de solidarité et payé directement ses 700 fournisseurs sans attendre le délais légal de 45 jours. Il faut continuer.

Enfin sur l’objectif de tenir l’objectif de 80 % de locaux fibrés à 2022, Infranum botte en touche pour le moment. “Ça dépendra vraiment de la remontée de la pente. On avait néanmoins une avance significative, grâce aux 4,8 millions de prises construites l’année dernière. Au-delà, le gouvernement lui-même communique sur une « généralisation de la fibre », et non une couverture à 100 %”.

 

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